Une histoire GRATUITE et inédite ICI 

Horreur érotique : jouir ou vomir ? TW ! (1/2)

Photo N & B du film Hellraiser : Le Pacte, de Clive Barker

La lecture de cet article s’adresse à un public majeur et consentant !

Jouir ou vomir : faut-il choisir ?

Non ! C’est précisément le sens de ce sous-genre de l’horreur qu’est l’horreur érotique. Mais peut-être n’avez-vous aucune idée de ce dont je parle ?

Pensez…

  • Pulsion de s’accoupler dans un cimetière.
  • Excitation sexuelle face à un moignon.
  • Baiser du prince à une Blanche-Neige raide morte.
  • Désir de goûter la chair de son partenaire.
  • Orgasme fantasmé de la succion d’un vampire.

La liste des mots en « philie » pourrait être trèèès longue. Mais je m’arrêterai là, ces quelques exemples suffisant à lever le voile sur ce qu’est l’horreur érotique.

Vous n’avez pas fui ?

Érotisme déviant et gore : « Je t’aime moi non plus » 

Il est un paradoxe qui m’agace et me fait sourire à la fois. Alors que le gore (c’est bien) trouve sa place (est digéré ?) dans un cinéma mainstream, le sexe reste la frontière interdite. Art le clown (Terrifier, Damien Leone) est l’un des boogeymen les plus nasty (taré, tordu, sadique, malaisant…) qu’il m’ait été donné de voir au cinéma. Et laissez-moi vous dire que j’ai l’estomac solide en la matière… Pourtant, les méfaits d’Art ne revêtent – c’est ma perception – jamais une dimension érotique ou pornographique.

Peut-être pourrais-je accorder cette limite franchie à The Sadness (2021, Rob Jabbaz). Mais en fait, non. Parce que la violence sexuelle des contaminés du film n’est que l’expression d’une violence plus globale, le symptôme de la dérégulation de leurs pulsions.

L’érotisme macabre : l’horreur que même des fans d’horreur ne sauraient souffrir !

Parce que l’horreur érotique est une expérience extrême, celle du jeu entre attraction, fascination, et répulsion, la rencontre du feu et de la glace, ou plutôt de la glace (le macabre) et du feu (la sensualité), la transgression de tabous… Bref, c’est fabriquer de la nitroglycérine en période de canicule en clopant. Ça passe, ou ça rase le pâté de maisons et fait couler vos yeux hors de leurs globes oculaires comme du jaune d’œuf.

Pourtant, si l’on accepte de regarder l’horreur érotique en face, on admettra qu’elle a marqué la littérature, le cinéma, la peinture, et toutes les formes d’art….

La relation pas si interdite de l’horreur érotique avec l’art.

Je n’écris pas un essai, mais un article de blog, ce qui me contraint à faire des choix déchirants et limiter le nombre de références… J’ai décidé de privilégier ici des œuvres assez connues et accessibles (pour des fans d’horreur), ou relativement mainstream. Mais si le sujet ou un approfondissement de ma part vous intéresse, n’hésitez pas à me le dire en commentaires !

L’érotisme horrifique dans l’art : des livres aux films en passant par la peinture, l’illustration…

1. Littérature : un grand écart entre époques, genres, cultures.

  • La Morte amoureuse de Théophile Gautier (1836) : un classique, un texte court, mais troublant. L’œuvre est tombée dans le domaine public ; c’est l’occasion de la découvrir ici : La Morte Amoureuse (Théophile Gautier) – texte intégral – Nouvelles – Atramenta.
  • Histoires de sexe et d’horreur (volumes 1 et 2) : ces anthologies publiées en France chez Albin Michel (oui, oui…) dans les années 1990. À celles et ceux qui conspuent l’érotisme sombre et macabre : je vous invite à consulter les auteurs au sommaire.
@Albin Michel
  • Le Corps Exquis de Poppy Z. Brite (1996) : serial killer, SIDA, cannibalisme… Un bijou de splatterpunk. Un objet littéraire d’horreur extrême, gore, déviant…
@Au Diable Vauvert

2. Cinéma : le choix impossible !

  • Hellraiser (1987) de Clive Barker : « Now you must come with us. Taste our pleasures ». Une invitation qui ne se refuse pas…
@New World Pictures. Photo N & B du film Hellraiser : Le Pacte, de Clive Barker. Quand l’amour de Julia surmonte l’état d’écorché de Franck.
  • Nekromantik (1987) de Jörg Buttgereit : parce qu’on peut être raide love de quelqu’un de raide mort. Un film jeune et fauché, mais devenu culte. Réservé à un public connaisseur et curieux d’objets filmiques.
@Jörg Buttgereit. Affiche du film qui rendra son réalisateur iconique.
  • Dracula (1992) de Francis Ford Coppola : une tension érotique de la première à la dernière minute que même les pattes d’insectes coincées entre les chicots de Reinfield ne peuvent pas faire redescendre.
@Columbia Pictures. Photo extraite du film Dracula. L’expression monstrueuse du désir de Lucy, affranchie des conventions sociales.

Et je pourrais en citer des dizaines d’autres. Allez… encore quatre pour quatre représentations radicalement différentes de l’horreur érotique :

  • Dellamore Dellamorte (1994) de Michele Soavi.
  • Under the Skin (2013) de Jonathan Glazer.
  • Cat People (1982) de Paul Schrader.
  • Audition (1999) de Takashi Miike.

 

3. Peinture et illustration : un nouvel écartèlement entre époques, culture, et univers horrifiques…

  • Le Cauchemar de Johann Heinrich Füssli (1781).
@Johann Heinrich Füssli. Moi non plus je ne porte pas de pyjama en pilou, on ne sait jamais que mon incube me visite…
  • H.R. Giger… Faut-il vraiment préciser à quel point son travail, à l’origine du Xénomorphe d’Alien, est chargé sexuellement ? Formes phalliques, pénétrations destructrices, viol par la gorge, insémination, accouchement hardcore… J’arrête. Le génie de la biomécanique érotique.
  • Toshio Saeki : l’icône underground de l’ero-guro, mouvement artistique et littéraire japonais apparu vers 1930. Humour, horreur, érotisme, couleurs vives… Pas pour rien si je me suis fait encrer son travail…
@Toshio Saeki.

4. La French touch du gore et porno-gore: quelques titres parmi les collections Gore, Trash et Karnage.

À l’exception du Corps Exquis, que je classe également au niveau hardcore, les livres précités sont une promenade de santé. Ici, point d’érotisme feutré, mais de l’horreur hard-gore et pornographique. On oublie toute bienséance et on se roule comme des gorets dans les fluides. Si vous voulez de l’extrême, nouez votre bavette, c’est parti !

  • Blood-sex de Charles Nécrorian, n°5 de la collection Gore chez Fleuve Noir (1985). 
  • Nuit noire de Christophe Siebert, n°11 de la collection Trash (2014). 
  • Sanctions ! de Talion, n°1 de la collection Karnage (2021). 
  • Necroporno de Robert Darvel, n°1 de la collection Trash (2013). 
Blood-sex, Nuit noire, Sanctions, Necroporno
collections Gore chez Fleuve Noir / Trash / Karnage

Et puisque je suis là aussi pour vous parler de ma modeste contribution au genre, ajoutons à mes Horreurs Érotiques le n°10 de la collection Karnage : Screaming Boys. Ce titre est épuisé à l’heure où je vous écris, et proposé dans une nouvelle édition (seuls le titre et la couverture ont changé) sous le titre de Slasher Island, un… slasher hard-gore, bourré d’humour noir, et dégoulinant de foutre, de sang et de crème solaire. Alors oui, les couvertures sont plutôt sages pour le genre (mais il n’y a bien que la couverture !), et surtout sans femme éviscérée, mais pour une raison simple : j’y massacre des hommes. Juste retour de bâton ! Et de gode ceinture !

Screaming Boys - Slasher Island de Violaine De Charnage
Screaming Boys de Violaine De Charnage, n°10 de la collection Karnage (2023). Réédité sous le titre Slasher Island, Violaine De Charnage, Venin d'Encre (2023).

Et je fais l’impasse sur la musique, la sculpture… parce qu’on y passerait la nuit…

Pourquoi cette fascination morbide pour l’horreur érotique ?

Je ne vais pas y répondre à votre place. Chacun son jardin secret conscient ou inconscient. D’aucuns diront que peur et désir stimulent des zones proches de notre cerveau. D’autres que l’érotisme déviant, gore, est une expérience cathartique (explication classique). D’autres diront que nos sociétés sont à ce point au bout du rouleau qu’il n’y a plus que les expériences extrêmes qui nous fassent sentir en vie (mais l’horreur érotique ne date pas du 21e siècle, n’est-ce pas ?!). D’autres qu’on (nous : les artistes et fans du genre) a eu un rapport compliqué au sein ou au pot. Mais eh ! Peu importe. Ça nous regarde, dans le respect des lois.

Je tenterai néanmoins d’apporter un éclairage sur cet aspect de ma création dans le prochain article.

Ce rapide tour d’horizon de l’érotique macabre vous aura-t-il donné une petite mort ?

Si je devais résumer le genre : transgression, fascination pour l’obscène, underground, extrême.

Envie de vous y frotter dès maintenant ?

UN BEST-OF des histoires les plus explicites de Violaine De Charnage : HORREUR, DARK, FANTASTIQUE, GORE, MALAISANT, TRASH !
Six nouvelles, six accouplements de l’AMOUR et la MORT, l’EROTISME et l’HORREUR, le PLAISIR et la DOULEUR, la FASCINATION et le DEGOÛT, EROS et THANATOS.

Envie d’en savoir plus ?

Découvrez dans le second article comment mon recueil Horreurs Érotiques s’inscrit dans cette tradition littéraire, et comment je tente d’y apporter une touche contemporaine et personnelle.

À votre tour !

Dites-moi en commentaire quelle œuvre chargée en horreur érotique vous a le plus marqué et pourquoi ?

P-S Quelques liens que je vous recommande « chaudement » pour approfondir les dimensions extrêmes du genre :

Partager cet article :
Image de Violaine De Charnage - Contesse d'Horreurs

Violaine De Charnage - Contesse d'Horreurs

Violaine De Charnage est une auteure, nouvelliste et romancière, qui préfère se qualifier d’Ecrivenimeuse. L’imaginaire, et plus spécifiquement les genres de l’horreur, du gore et du fantastique, lui servent de terrains de jeux littéraires et funèbres pour exprimer ses angoisses et révoltes.

9 réponses

  1. Bonjour,

    L’article donne envie de poursuivre et continuer la quête sur les oeuvres érotico-porno !
    Même si ledit article est scindé en deux parties, la première est extrêmement enrichissante et permet de poser de gros gros piliers sur l’ensemble des fantasmes mortuaires avec de solides sources et oeuvres !

    Il me vient une critique sur une oeuvre citée, la saga Hellraiser.
    Cette saga, qui au début était une ode à la pratique BSDM et autres pratiques endiablées, qui, avec le fil du temps pour moi, tourne en dérision ces pratiques ?

    Je me permets de parler aussi du premier film de la saga : The Human Centipede, qui malgré son synopsis est une sorte d’éloge sur la scato-porno tout en posant les questions adéquates.

    Me vient aussi l’oeuvre de Stephen King, Ça, où il est question de viol malheureux pour permettre aux protagonistes de passer à l’âge adulte et ainsi ne plus être réceptifs aux attaques du clown. Cela peut-il être inscrit dans cette rubrique ?

    1. Bonjour Alexis !
      Questez, questez 😃
      Merci ! Compliqué de trouver le juste équilibre entre des références connues et accessibles et des trucs très underground et extrême !
      Concernant Hellraiser, pour moi, le propos sur la quête d’expériences extrêmes s’arrête au 1. Après, comme pour beaucoup de sagas, c’est délayé et ça vire à l’étalage mal maîtrisé. Mais je pense que ça va au-delà du BDSM, porte sur l’expérience des limites de notre enveloppe charnelle et de notre mortalité.
      Human Centipede… un de trucs les plus dingues qui soit… J’avoue qu’il me laisse l’érotisme au bord des lèvres, les sujets n’y trouvant à aucun moment une source de plaisir. J’y vois plutôt un rapport de domination-soumission dont le sexe n’est qu’un instrument mais pas le propos.
      Ca… Clairement pour moi c’est pas dans le spectre du tout de l’horreur érotique. OK pour les rituels de passage à l’âge adulte. Quant au viol… sujet hautement glissant. Sur lequel j’ai une limite forte : un viol sur enfant est un viol (point). L’érotisme est dans l’œil de celui ou celle qui regarde. Et ça là que doivent intervenir les lois, la raison, et évidemment la morale !

    2. Le commentaire d’Henri me fait comprendre qu’on ne parlait pas de la même scène. Il faut que je me remate les 2 versions, et relise Ca. Quand je parlais de viol, j’étais sur la relation violente (et incestuelle ?) de Beverly avec son père… Si on parle d’une scène de sexe de groupe entre adolescents, elle ne m’en a laissé AUCUN souvenir XD

  2. Dans « Ça », si c’est bien la scène à laquelle je pense, il ne s’agit pas de viol mais d’un gang-bang tout à fait consenti par Beverly, je crois même que c’est elle qui le propose pour renouer l’unité de leur groupe face au clown. Bien sûr c’est délicat et n’a été mis en scène dans aucun des deux films, étant donné que les protagonistes ont une douzaine d’année. Mais ce n’est pas un viol.
    Sur Facebook, je parlais de Georges Bataille et en particulier de son livre « L’Érotisme », qui n’a rien à voir avec la littérature dite « érotique » : il y traite d’expériences limites où la petite et la grande mort se côtoient, dans des moments où notre petit « moi » est dépassé. Je re-cite ici Bataille :

    « Les êtres qui se reproduisent, les êtres reproduits, sont des êtres distincts entre eux, séparés par un abîme, une fascinante discontinuité. Mais, individus mourant isolément dans une aventure intelligible, nous gardons la nostalgie de la continuité perdue. L’activité sexuelle de reproduction, dont l’érotisme est une des formes humaines, nous la fit retrouver ; au moment où les cellules reproductrices s’unissent, une continuité s’établit entre elles pour former un nouvel être à partir de leur mort.
    C’est aussi par la mort, la mort violente, que cet effort de libération s’est manifesté dès l’origine des activités de l’homme. Mais le désir de meurtre met en cause toute l’organisation de communautés fondées sur le travail et la raison. D’où la naissance d’interdits, à quoi s’oppose, ou plutôt s’ajoute, en un dépassement nécessaire, leur propre transgression. Guerre et chasse rejoignent ici l’inceste ou l’orgie sacrée… » (Bataille, « L’Érotisme »)

    Je pense que c’est aussi cette sensation de dépassement de soi, par l’abandon physique et psychologique à un autre, qu’on retrouve dans le BDSM.

    1. Hell-o Henri !
      OK. J’ai dû faire des recherches parce qu’autant le roman et les films m’ont marquée, autant cette scène ne m’a laissé AUCUN souvenir. Mais il faut dire que ça fait une paire d’année que n’ai pas lu CA, et que je portais pas la même attention à certaines symboliques hier qu’aujourd’hui. « Gang-bang » me semble à priori fort alors qu’il s’agit du dépucelage de la plupart des protagonistes. Mais à priori pour moi on est toujours pas dans le registre de l’horreur érotique, plutôt du rite de passage. Le sexe est néanmoins partie prenante de l’œuvre de S. King, en tout cas pour ce que j’ai lu de lui (la grande époque 70-80-90s).
      Je dois reconnaître mes lacunes en Georges Bataille. Très souvent la littérature érotique m’ennuie, la forme étant privilégié au fond. Mais je sais que Bataille est un incontournable et est dans ma pile à lire. Néanmoins, je vois dans le passage que tu as choisi plutôt une recherche d’union (l’érotisme), de fusion (la reproduction), de collaboration (le travail) entre des êtres irrémédiablement séparés, qu’une recherche de rapports de domination et soumission.

  3. Bonsoir Violaine,
    Pour ma part, je suis méga fan de ton Screaming Boys aka Slasher Island (je ne pouvais m’empêcher de rire lors de la scène de fin…) ainsi que Sanctions 1 &2 (de Talion alias David D.).
    En ce qui concerne les films, j’aurais rajouté Grotesque qui mélange érotisme et gore de manière trash, voire Contracted. Je laisserai toutefois à un expert comme Tinam qui présente le Sadique-Master de compléter la liste…

    1. Salut Florian !
      Ca fait toujours plaisir 🙂 et c’est cool de voir quelqu’un prendre autant de plaisir à le lire que je me suis amusée à l’écrire. J’espère rempiler prochainement avec un roman aussi déjanté…
      Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de voir Grotesque. Le ciné underground n’est pas toujours très accessible… Mais il est dans ma liste. Et Contracted est une pépite que j’aurais en effet pu citer. Il mélange habilement contagion, zombie, gore, body horror, et il y a quelque chose que j’aime beaucoup dans la photographie. Le sexe est omniprésent dans le mélange. Ce que je trouve fort, c’est le personnage du gars si obsédée par son désir qu’il ne se rend pas compte que sa partenaire se décompose ! Le 2 est pas mal aussi.

  4. J’ai cité un passage de Bataille qui ne parle pas de BDSM, je l’ai lu il y a longtemps et je ne sais plus si Bataille aborde le SM (sûrement, à mon avis). Il est une influence de l’ero-guro et d’ailleurs, un des dessins de Toshio Saheki, la femme avec un œil dans son vagin, est sans doute une référence à un court roman de Bataille : « L’histoire de l’œil »
    Pour le SM, on en relève souvent le côté « mystique », proche de ce que vivent certaines saintes qui s’abandonnent à travers un plaisir-souffrance à l’extase qui les sort d’elles-mêmes.
    En ce qui concerne « Ça » de King, Beverly n’est pas violée par son père, malgré ses tentatives. Mais ce que j’appelais à tort ou à raison « gang- bang » est, plus qu’un dépucelage, un rite pour recréer l’unité du groupe alors qu’ils sont perdus dans les souterrains du clown. Mais ça ne relève pas de l’horreur érotique !

  5. En parlant de BDSM et de mystique, et là on retrouve Bataille (qui n’a rien à voir avec la « littérature érotique », qui moi aussi m’ennuie à raconter toujours la même chose), il faut lire le célèbre récit que fait Sainte Thérèse d’Avila de sa « transverbération « . Tout y est : plaisir, souffrance, extase divine… L’édition de « L’érotisme  » de Bataille que je possède a, comme illustration de couverture, la non moins célèbre statue du Bernin qui illustre la scène :

    « C’est alors qu’il plut au Seigneur de m’accorder parfois cette vision : je voyais près de moi un ange (…) dans ses mains un long dard en or dont la pointe de fer portait, je crois, un peu de feu. Parfois, il me semblait qu’il me l’enfonçait dans le cœur plusieurs fois et qu’il m’atteignait aux entrailles. Lorsqu’il le retirait, on eût dit qu’il me les arrachait, me laissant tout embrasée d’un grand amour de Dieu. La douleur était si vive, qu’elle me faisait pousser ces plaintes dont j’ai parlé, et la douceur qu’elle me procure est si extrême, qu’on ne saurait désirer qu’elle cesse et l’âme ne peut se contenter de rien moins que de Dieu. Ce n’est pas une douleur corporelle, mais spirituelle, bien que le corps ne manque pas d’y participer un peu, et même beaucoup. Ce sont de si doux échanges entre l’âme et Dieu, que je le supplie de bien vouloir les faire goûter, dans sa bonté, à quiconque penserait que je mens… » (Livre de la vie XXIX, 13)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoignez ma newsletter
Horrifique

Pour être sûr de ne rien rater de mes projets littéraires,
découvrir les coulisses + recevoir des surprises.

📧 Inscrivez-vous… (vous êtes libre de fuir à tout moment).